L’enquête Décès Toxiques et Antalgiques (DTA), sous la responsabilité du CEIP-addictovigilance de Grenoble, a pour objectifs de recueillir les cas de décès liés à l’usage de médicaments antalgiques, d’identifier les médicaments impliqués, d’évaluer leur dangerosité et d’estimer l’évolution du nombre de ces décès. Cette étude a été envisagée suite à l’annonce du retrait du marché des spécialités contenant du dextropropoxyphène en juin 2009 et à la crainte d’un report vers d’autres substances actives antalgiques dont le profil de sécurité d’emploi peut être moins favorable, en particulier le tramadol. En 2015, 93 dossiers, envoyés par 20 experts issus de 13 laboratoires, ont été inclus. Le lieu de décès est principalement le domicile dans 79,5 % des cas. Le sex-ratio est de 1,02 (47 hommes /46 femmes) et l’âge médian de 45,5 ans avec des valeurs extrêmes comprises entre 10 et 89 ans. Parmi les 93 dossiers, on compte 82 décès directs dont 51,2 % de décès toxiques sans autre précision, 34,2 % de suicides et 14,6 % de décès dont le contexte est inconnu (mort subite, découverte de corps). 4 molécules sont principalement impliquées : le tramadol (34%), la morphine (32%), la codéine (27%) et l’oxycodone (10%). Aucun décès impliquant les molécules suivantes : buprénorphine, dextropropoxyphène, hydromorphone, kétamine, nalbuphine, néfopam, acide acétylsalicylique ou péthidine.