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Haute Autorité de Santé – 2016

Texte original (fichier pdf)

Suite à la réévaluation du bénéfice/risque des médicaments contenant de la codéine, l’agence nationale de sécurité du médicament a relayé les recommandations du  Pharmacovigilance Risk Assessment Committee (PRAC) et recommandé en avril 2013 :

  • de ne plus utiliser la codéine chez les enfants de moins de 12 ans ;
  • de ne plus utiliser la codéine après amygdalectomie ou adénoïdectomie ;
  • de n’utiliser la codéine chez l’enfant de plus de 12 ans qu’après échec du paracétamol et/ou des AINS ;
  • de ne plus utiliser la codéine chez la femme qui allaite.

DOULEUR AIGUË

RECOMMANDATION (soins dentaires) : pour les douleurs induites soit après la mise en place d’un dispositif orthodontique soit en post opératoire d’une chirurgie orale, les antalgiques de palier 1 (paracétamol et ibuprofène) sont suffisants dans une majorité des cas.

Il est recommandé d’administrer :

  • du paracétamol en cas de douleur faible ;
  • de l’ibuprofène en cas de douleur modérée à intense en première intention (avec une notion d’antalgie anticipée) ;
  • l’association d’ibuprofène et de paracétamol en cas d’échec.

 

RECOMMANDATION (traumatologie) : en cas de douleur modérée liée à une fracture simple ou entorse, il est recommandé d’administrer un AINS. En cas de douleur intense, l’AINS peut être associé au paracétamol, et en cas d’échec, le recours au tramadol ou la morphine orale est recommandée (Accord d’experts).

RECOMMANDATION (douleur abdominale aiguë / abdomen chirurgical) : une dose de morphine IV (0,1 mg/kg) est recommandée devant un enfant consultant aux urgences pour une douleur abdominale intense localisée au quadrant inférieur droit, faisant évoquer un syndrome appendiculaire (Afssaps, 2009). L’utilisation de morphine permet de diminuer la douleur et n’entrave pas la prise en charge diagnostique, elle n’entraîne notamment aucun retard dans la prise de décision ni aucun risque supplémentaire d’erreur diagnostic (Grade A).

 RECOMMANDATION (brûlures) : pour les brûlures, l’association d’ibuprofène et de paracétamol peut être proposée en première intention ; en cas de douleur intense, la morphine orale ou le tramadol est recommandé.

RECOMMANDATION (otite externe) : la douleur de l’otite externe aiguë peut être très intense et doit être traitée ; un traitement local associant un antibiotique et un anesthésique est recommandé après avoir vérifié l’absence de perforation tympanique. Un traitement antalgique par voie orale est recommandé d’emblée en cas de douleur intense ou d’échec du traitement local, avec en première intention l’association d’antalgiques de palier 1 : paracétamol et ibuprofène, en prescription courte de 48-72 heures avec nouvelle évaluation si aggravation ou absence d’amélioration.

RECOMMANDATON (otite moyenne aigue) : avec ou sans traitement antibiotique  prescrit, l’association de paracétamol et d’ibuprofène, en prescription courte de 48-72 heures avec nouvelle évaluation si aggravation ou absence d’amélioration, est recommandée en première intention.

En cas d’échec, un traitement court par morphine orale est recommandé. Le tramadol peut être recommandé chez l’enfant de plus de trois ans, même si aucune étude ne soutient actuellement cette pratique ni son efficacité dans cette situation (Accord d’experts).

Avant un an, seule la morphine orale est disponible en France. Des posologies faibles (0,1 mg/kg) pourraient être préconisées, avec une surveillance de l’enfant dans l’heure qui suit la première prise. Il est rappelé que l’otite moyenne aiguë hyperalgique constitue une indication de paracentèse.

RECOMMANDATION (rhinosinusite aiguë) : pour le traitement antalgique de la rhinosinusite aiguë de l’enfant la prescription de paracétamol ou d’ibuprofène, en prescription courte de 48-72 heures avec nouvelle évaluation si aggravation ou absence d’amélioration, est recommandée.

RECOMMANDATION (pharyngite) : Les antalgiques de palier 1 suffisent dans les douleurs des pharyngites. L’association ibuprofène-paracétamol est à proposer en cas d’échec d’un des deux ; la prescription d’ibuprofène doit être courte (48-72 heures).

Chez l’enfant de moins de trois ans, en cas de douleur intense, la morphine orale pourrait être une solution : seules quelques gouttes déposées dans la bouche étant nécessaires, elles peuvent le plus souvent être ingérées malgré l’odynophagie.

RECOMMANDATION (blessure sportive) : chez les sujets jeunes, les AINS sont recommandés ; si ce traitement est insuffisant, il est recommandé d’associer du paracétamol et/ou des morphiniques faibles ou forts selon l’intensité de la douleur.

 

DOULEUR CHRONIQUE

RECOMMANDATION (cancer) : la codéine n’a pas d’indication dans les douleurs chroniques cancéreuses chez l’enfant, même s’il existait probablement dans ce domaine avant 2013 un usage des prescripteurs pour les douleurs modérées. La morphine orale est le morphinique de choix dans cette situation.

RECOMMANDATION (hors cancer) : le manque d’études réalisées chez l’enfant et l’adolescent ne permet pas de recommander la prescription de morphiniques dans les douleurs chroniques non cancéreuses, en particulier en l’absence de pathologie somatique sous-jacente. Toute prescription d’un morphinique doit donc être bien pesée : la prise en charge des enfants doit être pluri-professionnelle et l’enfant doit être adressé en « structure douleur » spécialisée.

Pour les douleurs prolongées d’arthrose/arthrite chez les sujets jeunes, le tramadol est recommandé.

Pour les céphalées (migraine, céphalées de tension, céphalées chroniques), il n’existe aucune indication de morphinique.