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Usage thérapeutique du cannabis en France : les douleurs rebelles seront la principale indication

Selon le Pr Serge Perrot, président de la Société française d’étude et de traitement de la douleur :

« Le cannabis soulage certains patients aux douleurs complexes, et qui ne répondent pas aux antalgiques classiques. Mais son effet sur la douleur est très modeste. Par contre, il réduit également l’anxiété et les troubles du sommeil chez ces sujets, ce qui améliore globalement leur état. » (Le Figaro, 5 aout 2018)

 Comme le souligne également dans le même article le Pr Didier Bouhassira :

« Une utilisation bien encadrée réduit le risque d’effets indésirables et surtout d’addiction. L’absence d’encadrement est donc cause d’une perte de chance pour les patients. Le pays se prive d’une option thérapeutique supplémentaire pour soulager certains patients. »

Ces prescriptions de cannabis pourraient être proposées après échec d’un essai du dronabinol (Marinol), une version synthétique de la principale substance active du cannabis, déjà disponible en France depuis 2004, en autorisation temporaire d’utilisation pour les douleurs rebelles neuropathiquesSeuls 377 patients auraient déjà bénéficié de ce médicament cannabinoïde en France, majoritairement des personnes souffrant de ce type de douleurs et de sclérose en plaques.

La fédération européenne de la douleur (EFIC) a récemment publié l’avis d’un groupe d’experts sur le sujet. Elle positionne l’usage du cannabis médical préférentiellement dans les douleurs neuropathiques, après échec ou mauvaise tolérance des thérapeutiques de 1re et 2e intention (antiépileptiques, antidépresseurs et tramadol), dans le cadre d’une prise en charge globale.

Comme nous l’évoquions déjà dans un précédent article, une réflexion devra aussi être engagée sur la manière de bien évaluer le rapport bénéfice-risque de cet usage du cannabis, en envisageant de nouveaux critères d’évaluation plus centrés sur des symptômes satellites de l’intensité de la douleur, comme le sommeil, l’anxiété, l’appétit, la mobilité ou la reprise d’une activité professionnelle.

Une vigilance particulière devra néanmoins être portée aux demandes de cannabis à usage médical pour une symptomatologie douloureuse. En effet le caractère ubiquitaire et fréquent de la douleur, difficile à objectiver, ne devra pas être la caution d’un élargissement de cet usage médical, ni une voie d’accès à un usage récréatif comme ce fût le cas dans certains États américains.

Source : texte extrait de l’article du 10 septembre 2018 de N Authier sur The Conversation : https://theconversation.com/usage-therapeutique-du-cannabis-la-france-engage-officiellement-la-reflexion-101624