En cinq ans seulement, les overdoses d’antidouleurs ont causé quelque 200 000 morts aux États-Unis. Ces substances opioïdes (qui agissent comme la morphine) sont parfois très efficaces pour calmer certaines douleurs mais peuvent aussi s’avérer très addictives. Faute de suivi, une épidémie s’est déclarée outre-Atlantique, ravageant des familles et des communautés entières, jusqu’à peser sur l’économie du pays.
Tous les âges et toutes les couches sociales sont concernés. Depuis le pic de l’épidémie, les plaintes se sont multipliées contre des médecins, cliniques et pharmaciens qui ont prescrit et délivré ces molécules sans discernement, mais surtout contre les laboratoires pharmaceutiques qui dopent leurs ventes à coups de publicités mensongères. Celles-ci minimisent le caractère addictif des opioïdes. En première ligne : le laboratoire Purdue, dont le produit phare, l’Oxycontin (oxycodone), lui a rapporté plus de 35 milliards d’euros. Si le marché est mieux contrôlé, c’est désormais auprès de dealers et sur le Darknet que les consommateurs s’approvisionnent,notamment en fentanyl et analogues encore plus puissants, avec des conséquences parfois dramatiques. Cette crise des opioïdes n’est pas circonscrite à l’Amérique. En Allemagne, les prescriptions ont grimpé d’un tiers entre 2006 et 2015. Et il semblerait que la France présente aussi des signaux émergents bien qu’il n’y ait pas de crise sanitaire des opioïdes. Les autorités sanitaires françaises font preuve d’une vigilance accrue sur ces médicaments qui restent indispensables pour traiter certaines douleurs sévères comme celles liées au cancer.
Les équipes de l’OFMA, de la Fondation Analgesia et de l’équipe Inserm 1107 NeuroDol de l’Université Clermont Auvergne et du CHU de Clermont-Ferrand ont contribué à ce reportage.
