Cette revue de la littérature écrite par une équipe américaine s’attache à évaluer l’efficacité antalgique de 5 formulations galéniques différentes de buprénorphine (intraveineuse, sublinguale seule ou associée avec de la naloxone, orodispersible et transdermale) dans les douleurs chroniques.
Les auteurs justifient le rationnel scientifique de l’étude par le bénéfice qu’on peut attendre de la buprénorphine du fait de ses caractéristiques pharmacologiques réduisant le risque d’overdose, dans le contexte actuel de pic de décès et intoxications liés aux opioïdes prescrits dans les pays développés. La buprénorphine pourrait alors être une alternative thérapeutique plus sûre pour les patients douloureux chroniques souffrant en parallèle d’un trouble lié à l’usage d’opioïde. De plus, les auteurs avancent aussi l’intérêt de cette molécule pour le traitement des douleurs chroniques de patients développant une tolérance ou une hyperalgésie aux opioïdes lors d’un traitement au long cours.
Différentes galéniques de buprénorphine étant commercialisées, les auteurs ont évalué le potentiel antalgique de chacune afin d’aider les praticiens dans la prescription de ce traitement alternatif.
L’analyse systématique des principaux moteurs de recherche de données bibliographiques (jusqu’à fin juin 2017) a retrouvé, après sélection, 25 études cliniques randomisées, et contrôlées contre placébo ou antalgique opioïde autre que la buprénorphine. Sur ces 25 études retenues, 14 montraient un bénéfice antalgique supérieur de la buprénorphine versus bras contrôle. Une étude sur les 6 évaluant la voie sublinguale et intraveineuse, ainsi que l’unique étude retenue portant sur l’association buprénorphine/naloxone, retrouvait un bénéfice significatif. C’était aussi le cas de 2 études sur les 3 évaluant la buprénorphine orodispersible, et de 10 études sur les 15 portant sur la galénique transdermale. Seules 3 des 14 études positives avaient un opioïde conventionnel comme comparateur, ce qui relativise les résultats. La tolérance était variable, avec comme effet indésirable principal des nausées, particulièrement chez les sujets naïfs des opioïdes lors de la phase de titration.
En conclusion, cette revue de littérature montre une efficacité non négligeable de la buprénorphine dans la douleur chronique, avec une efficacité supérieure de la galénique transdermale, actuellement non commercialisée en France. Cette indisponibilité ne doit pas être un frein à la prescription des autres formes disponibles qui peuvent être pertinentes dans certains contextes particuliers : comorbidités addictives ou rotation des opioïdes en cas d’hyperalgésie ou d’accoutumance.
Treatment of chronic pain with various buprenorphine formulations: a systematic review of clinical studies
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29239947