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ÉTUDE EQUIMETH2 : ÉVALUATION DE L’EFFICACITÉ ET DE LA SÉCURITÉ D’EMPLOI DE DEUX MÉTHODES DE TITRATION DE LA MÉTHADONE DANS LES DOULEURS CANCÉREUSES

De nombreuses études publiées suggèrent que la méthadone pourrait avoir sa place en 2e intention dans le traitement des douleurs d’origine cancéreuse pour certains patients qui ne sont pas, ou plus suffisamment, soulagés par les antalgiques opioïdes forts usuels.

L’objectif principal de l’étude EQUIMETH2 est d’évaluer le ratio sécurité/efficacité de 2 méthodes de titration différentes chez des patients dont les douleurs cancéreuses ne sont pas suffisamment soulagées par leur antalgique de palier 3, qui sera donc arrêté au profit de la méthadone.

146 patients ont été inclus dans cette étude nationale multicentrique, puis randomisés en 2 groupes de caractéristiques comparables. Le 1er groupe débutait la méthadone selon une stratégie « stop-and-go » : l’antalgique opioïde oral initial était arrêté sans décroissance progressive et la méthadone était instaurée à une posologie de 10 % équivalent morphine orale jusqu’à 6 prises par jour selon le besoin du patient. Le 2e groupe bénéficiait d’une stratégie dite « progressive » où l’antalgique opioïde initial était remplacé progressivement par la méthadone sur une période de 3 jours avec, là aussi, un ajustement possible selon les douleurs ressenties par le patient.

Les résultats de cette étude confirment l’efficacité de la méthadone dans la douleur cancéreuse pour les patients insuffisamment soulagés par les antalgiques opioïdes forts conventionnels, sans mettre en évidence d’efficacité supérieure d’une stratégie de switch par rapport à l’autre. L’efficacité est similaire dans les 2 groupes avec une efficacité atteinte pour 80 % des patients à 4 jours du switch. 60 % des cliniciens ont considéré les méthodes de titration comme simples à mettre en œuvre, sans différence entre les groupes.

La sécurité d’emploi est similaire dans les 2 groupes avec déclaration d’au moins un effet indésirable lié au traitement pour 80 % des patients, et survenue d’une overdose pour 12 % (groupe B) à 14 % (groupe A) d’entre eux. Bien que la sécurité d’emploi globale de la méthadone soit ici similaire à celle des autres antalgiques opioïdes forts en comparaison avec la littérature, un nombre élevé d’épisodes d’altération de la vigilance sont rapportés dans ces 2 groupes de patients.
Ces épisodes ne sont pas considérés comme des overdoses d’après les critères définis dans cette étude en l’absence de bradypnée associée. Toutefois, la survenue d’une altération de la vigilance chez ces patients déjà sensibilisés aux opiacés et pour des posologies faibles de méthadone incite à renforcer l’information délivrée sur les signes de surdosage, ainsi qu’à leur mettre à disposition de la naloxone en cas de sevrage ambulatoire au domicile ou à leur proposer un switch supervisé en milieu hospitalier afin de prévenir les complications potentiellement graves du surdosage en opiacés.

Source : http://www.jpsmjournal.com/article/S0885-3924(16)30312-8/fulltext

Par Célian Bertin