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INCIDENCE DE L’UTILISATION PERSISTANTE D’ANTALGIQUES OPIOÏDES APRES UNE CHIRURGIE DANS UNE POPULATION D’ADOLESCENTS ET DE JEUNES ADULTES

Cette étude de cohorte rétrospective, réalisée à partir d’une base de données de remboursements américaine privée (Truven Health Marketscan), a cherché à évaluer l’incidence de l’utilisation persistante d’antalgiques opioïdes, 90 jours après une chirurgie, parmi des adolescents de 13 à 21 ans n’ayant jamais pris d’antalgiques opioïdes et 1/ayant bénéficié d’une intervention chirurgicale (13 procédures ont été sélectionnées) entre le 1er janvier 2010 et le 30 juin 2015 et 2/ ayant bénéficié d’au moins une délivrance d’antalgiques opioïdes dans la période péri-chirurgicale (allant du mois qui a précédé la chirurgie jusqu’à 2 semaines après la chirurgie). Ces patients ont été comparés à un groupe de 110 432 patients témoins du même âge qui n’ont pas été opérés au cours de la même période.

Au total, 88 637 patients ont bénéficié d’une chirurgie sur la période d’étude (âge moyen : 17 ans, sexe féminin : 54%). L’incidence de l’utilisation persistante d’antalgique opioïdes après une intervention chirurgicale était de 4.8%, allant de 2.7% à 15.2% en fonction du type de chirurgie réalisée, alors que l’incidence dans le groupe témoin non-chirurgical était seulement de 0.1%. Les patients avec une ablation de la vésicule biliaire (OR ajusté = 1,19; IC à 95 %, 1,06-1,34) ou une chirurgie du côlon (OR ajusté = 2,75; IC à 95 %, 1,22-6,20) présentaient le risque le plus élevé d’usage persistant d’antalgiques opioïdes. De plus, l’âge plus avancé (OR ajusté = 1,07; IC à 95 %, 1,05-1,08), le sexe féminin (OR ajusté = 1,24; IC à 95 %, 1,16-1,33), un score de comorbidité plus élevé (OR ajusté = 1,02; IC à 95 %, 1,01-1.02), l’anxiété (OR ajusté = 1,18; IC à 95 %, 1,00-1,38) et l’usage antérieur de substances et de drogues (OR ajusté = 1,46; IC à 95 %, 1,16-1,83) étaient indépendamment associés à une consommation persistante d’antalgiques opioïdes.

En conclusion, les auteurs soulignent l’intérêt de ces résultats qui permettraient d’identifier les patients les plus à risque avant toute chirurgie afin d’orienter les efforts d’éducation, non seulement à destination des patients et des parents pour favoriser une bonne utilisation sans danger des antalgiques opioïdes, mais également à destination des médecins pour renforcer la prescription adaptée et assurer une surveillance appropriée à distance de la chirurgie.

 

Harbaugh CM et al. Persistent Opioid Use Among Pediatric Patients After Surgery. Pediatrics. 2018 Jan;141(1). pii: e20172439.

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29203521

http://pediatrics.aappublications.org/content/early/2017/11/30/peds.2017-2439.long