Le tramadol et la codéine sont les deux médicaments antalgiques opioïdes les plus prescrits en France. Ils sont indiqués dans le traitement de douleurs modérées à sévères. Une enquête réalisée par OpinionWay pour l’OFMA et la Fondation Analgesia rapporte que 12% des français déclarent suivre un traitement par au moins une de ces deux substances opioïdes. Elle met en évidence des usages inappropriés et à risques de ces deux substances, probablement en partie dus à une connaissance imparfaite de ces médicaments par les patients mais aussi des prescriptions non conformes aux indications et recommandations.
Cette enquête a été menée sur un panel de 1 001 Français de plus de 18 ans représentatifs de la population générale, consommateurs actuels de tramadol et codéine, afin d’évaluer leurs connaissances et leurs habitudes en matière de consommation de ces deux médicaments opioïdes.
Les utilisateurs actuels de tramadol ou codéine ont un âge moyen de 44 ans et sont majoritairement des femmes (61%). Deux tiers utilisent ces médicaments depuis plus de trois mois (seuil pour une douleur chronique) et un tiers depuis plus d’un an. Lombalgies, céphalées et douleurs articulaires sont les 3 principaux motifs de prise de ces traitements.
Non respect des recommandations – Il n’est pas recommandé de traiter les crises de migraine avec un antalgique opioïde. Dans cette enquête, le premier motif (46% des usagers) de prise de codéine sont les céphalées et migraines.
Mésusage – 29% des usagers de codéine et 39% des usagers de tramadol présentent un comportement de mésusage de leur traitement. Ainsi, 14% des usagers de codéine et 24% des usagers de tramadol rapportent prendre ces médicaments pour une finalité autre qu’un effet antalgique (anxiété, sommeil, stimulant …). Une échelle de repérage rapide d’un comportement de mésusage d’un antalgique opioïde validée en français est maintenant disponible et recommandée par la Haute Autorité de Santé : POMI-5F.
Automédication – Respectivement 41 et 42% des patients traités par codéine ou tramadol déclarent avoir déjà partagé leur traitement avec une personne de leur entourage. Ces deux médicaments sont normalement disponibles uniquement sur ordonnance.
Sevrage difficile – Respectivement 36 à 47% des usagers de codéine et tramadol déclarent avoir des difficultés à arrêter ou diminuer leur traitement. Ces médicaments opioïdes peuvent induire une dépendance physique avec un syndrome de sevrage ou de manque en cas d’arrêt trop rapide dès quelques semaines de traitement.
Méconnaissance des risques – 9 usagers de tramadol ou codéine sur 10 ignorent le risque d’arrêt respiratoire en cas de surdosage de ces médicaments. Ce risque est à l’origine de la crise sanitaire des opioïdes nord-américaine à l’origine de plus de 500 000 décès en 20 ans.
Les résultats de cette enquête rappellent d’une part la nécessité pour les médecins d’assurer une juste prescription de ces médicaments et d’autre part de mieux informer les patients sur le bon usage des médicaments antalgiques opioïdes.
Pour cela, des recommandations sur le bon usage des médicaments opioïdes et la prévention des surdoses ont été publiées en mars 2022 par la Haute Autorité de Santé.
L’OFMA et la fondation Institut ANALGESIA se sont associés à l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) pour concevoir une vidéo sur le bon usage des médicaments antalgiques opioïdes. Les principales règles à connaître pour une utilisation en toute sécurité sont rappelées en 1 minute.