Une étude publiée récemment par l’OFMA / Inserm 1107 conclut à l’émergence d’un signal de risque d’augmentation des overdoses aux antidouleurs opioïdes.
Pharmacosurveillance, formation et information
L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) assure déjà la surveillance de ces médicaments via son réseau d’addictovigilance qui présente annuellement des rapports sur chaque substance. Une journée d’échange de la commission des stupéfiants et psychotropes sur ce thème a été organisée en mai 2017 et devrait donner lieu à une proposition de plan d’action.
Concernant les prescripteurs, la juste prescription des antalgiques est accompagnée des recommandations comme celles publiées en 2016 par la Société française d’Étude et de Traitement de la Douleur. Ces recommandations devront aussi dans l’avenir concerner les opioïdes dits faibles majoritairement prescrits.
L’élargissement probable des prescriptions de méthadone comme antalgique dans le cancer devra être associé à une vigilance accrue sur cette substance, déjà impliquée dans des cas de décès chez des usagers de drogues.
Il est par ailleurs important de rappeler aux professionnels de santé de rechercher systématiquement des facteurs de risque avant instauration de ces traitements et des usages à risque de ces médicaments.
Enfin, une information orientée vers les patients doit aussi être mise en œuvre régulièrement, en partenariat avec les associations de patients, pour promouvoir le bon usage des antalgiques, y compris en lien avec les pratiques d’automédication.
Antidote et alternatives
Pour réduire la mortalité par overdose et sensibiliser les patients au risque, une mise à disposition de l’antidote des opioïdes, la naloxone, aux patients douloureux chroniques traités par ces médicaments devra être envisagée dès que ces médicaments seront disponibles en pharmacie.
En l’absence de nouveaux médicaments, une prescription de buprénorphine à visée antalgique, un opioïde à moindre risque d’overdose déjà disponible, pourrait aussi être proposée comme alternative avant certaines prescriptions d’antidouleurs opioïdes forts comme la morphine ou l’oxycodone.
Enfin, à plus long terme, des équipes de recherche, dont l’équipe Inserm Neuro-Dol de l’Université Clermont Auvergne, travaillent au développement d’alternatives médicamenteuses à la morphine présentant moins de risque d’addiction et d’overdose. Ces travaux, accompagnés par la Fondation de recherche Institut Analgesia, sont à l’origine de la création d’Innopain, une entreprise dédiée au développement de cette nouvelle classe d’antalgiques.
N. Authier
Source : Extrait de l’article de N Authier publié le 13/09/2018 sur le site The Conversation – https://theconversation.com/antidouleurs-opio-des-comment-prevenir-une-crise-sanitaire-en-france-101621