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Incidence du comportement de “docteur shopping” avec le tramadol dans une cohorte de patients avec une douleur chronique non cancéreuse.

L’usage des antalgiques opioïdes a fortement augmenté dans les douleurs chroniques non dues au cancer. En France, le tramadol est l’antalgique opioïde le plus prescrit mais peu de données sont disponibles concernant son mésusage dans la douleur chronique non cancéreuse. L’objectif de cette étude était d’évaluer l’incidence du comportement de “docteur shopping” pour le tramadol chez ces patients douloureux et d’identifier les facteurs de risque associés. Une cohorte nationale rétrospective de patients majeurs traités depuis au moins 6 mois par tramadol entre 2005 et 2013 issue d’un échantillon de la base de remboursement de la sécurité sociale française a été constituée (SNIIRAM). Le critère principal était l’incidence à un an du comportement de « docteur shopping » caractérisé par un chevauchement d’ordonnances d’au moins un jour, rédigées par au moins deux médecins et délivrées par au moins trois pharmacies. 3505 patients douloureux chroniques traités par tramadol ont été inclus d’âge moyen 66,4 ans et comprenant 66% de femmes. La durée médiane de traitement par tramadol était de 260 jours [211-356]. L’incidence à un an du comportement de « docteur shopping » pour le tramadol était de 1% (intervalle de confiance 95%, 0,7-1,5). En analyse multivariée, les facteurs de risque associés à ce comportement à risque de mésusage et d’abus, étaient des patients de moins de 40 ans (hazard ratio [HR] = 7,4 [95%CI: 2,8-19,7]), précaires (CMU complémentaire) (HR = 8,5 [95%CI: 3,6-20,5]) et avec des délivrances préalables d’antalgiques opioïdes forts (HR = 5,7 [95%CI: 1,9-17,0]). L’incidence du comportement de « docteur shopping » pour le tramadol semble faible chez les patients douloureux chroniques non cancéreux mais représente néanmoins une problématique de santé publique au regard du nombre important de patients traités par ce médicament antalgique. La formation des professionnels de santé et le maintien d’une pharmacosurveillance renforcée notamment des patients les plus à risque est nécessaire pour limiter ce comportement de « docteur  shopping » et en limiter les complications associées (addiction, overdoses).