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Prévalence de la douleur chronique avec ou sans caractéristiques neuropathiques en France.

La douleur chronique est une pathologie extrêmement fréquente  dont les estimations varient très sensiblement en fonction de la méthodologie employée. L’objectif de cette étude était d’actualiser les données françaises de prévalence de la douleur chronique avec ou sans caractéristiques neuropathiques, dont les dernières estimations remontent à 2004 [Bouhassira et al, Pain 2008 Jun;136(3):380-7], en utilisant une approche de capture/recapture.

Dans cette étude, trois sources ont été utilisées pour identifier les patients souffrant de douleur chronique à partir de l’Echantillon Généraliste des Bénéficiaires (700 000 patients) : la base de données des prescriptions médicamenteuses (liste D), la base de données des hospitalisations classiques dans le champ MCO (Médecine Chirurgie Obstétrique, liste H) et enfin la base de données des hospitalisations spécifiques en lien avec les Centres d’Evaluation et de Traitement de la Douleur (CETD, liste P). Entre 2013 et 2015, tous les patients de plus de 18 ans ayant reçu des antalgiques prescrits en continu pendant au moins 6 mois (liste D) ou ayant reçu un diagnostic de douleur chronique avec ou sans caractéristiques neuropathiques (listes H et P) ont été inclus. Cette première étape correspond à la « capture ». Ensuite les 3 sources ont été croisées grâce à un identifiant commun du patient, c’est l’étape de la « recapture ». Enfin une modélisation log-linéaire, technique classiquement utilisée et validée, a été appliquée à ces données ainsi croisées, permettant d’estimer le nombre total de cas non capturés par les 3 sources.

 

 

Au total, 63 557 et 9 852 cas distincts de douleur chronique et de douleur chronique neuropathique chronique ont été capturés, respectivement. Après modélisation, la prévalence de la douleur chronique chez les adultes variait de 27,2 % (intervalle de confiance à 95% : 26,1-28,4) à 32,7 % (26,0-43,3) et celle de la douleur chronique neuropathique de 5,55 % (2,89-19,0) à 7,30 % (6,40-8,41). La plupart des patients étaient des femmes, l’âge médian était de 67 (55 à 80 ans) et de 63 (51 à 76 ans) ans pour la douleur chronique et la douleur chronique neuropathique, respectivement. Les antalgiques les plus fréquemment prescrits chez les patients atteints de douleur chronique étaient le paracétamol (62,1 %), les opioïdes faibles (39,7 %) et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (32,7 %), tandis que chez les patients souffrant de douleur neuropathique, les anticonvulsivants (45,3 %), les antidépresseurs tricycliques (18,1 %) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (13,3 %) ont été les plus fréquemment utilisés.

Cette première étude nationale a montré une prévalence importante de la douleur chronique en population générale. Elle a également démontré l’intérêt de cette méthode permettant de produire rapidement des estimations plus simples et moins coûteuses que les enquêtes classiques en épidémiologie, autorisant ainsi un suivi plus régulier de cette problématique de santé publique.