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Prescription des antalgiques opioïdes en France entre 2004 et 2017 : évolution et impact en termes de morbi-mortalité.

Alors qu’une véritable épidémie d’overdoses aux opioïdes continue de progresser aux Etats-Unis et au Canada, très peu de données européennes similaires sont disponibles, en particulier françaises. L’objectif de cette étude était d’analyser l’évolution de la prescription d’antalgiques opioïdes en France et en parallèle celle des hospitalisations et des décès en lien avec une intoxication accidentelle aux antalgiques opioïdes.

La prévalence annuelle de prescription des antalgiques opioïdes a été étudiée entre 2004 et 2017 à   du régime général ayant bénéficié d’au moins une délivrance d’antalgiques opioïdes (codes ATC : racine N02A et N02BE71) une année donnée ont été inclus. Afin de caractériser le mésusage des antalgiques opioïdes, la prévalence du comportement de « docteur shopping » caractérisé par un chevauchement d’ordonnances d’au moins un jour, prescrites par au moins deux médecins et délivrées par au moins trois pharmacies, a également été étudiée sur cette même période. Les hospitalisations en lien avec une intoxication accidentelle ont été identifiées à partir des données du PMSI national, où tous les séjours avec un diagnostic principal comprenant un des codes CIM10 suivants, T400, T401, T403, T404, T406, ont été identifiés chaque année entre 2000 et 2017. Enfin, les données de mortalité en lien avec une intoxication accidentelle aux opioïdes (codes CIM10 : X42, F11) ont été extraites annuellement entre 2000 et 2015 à partir des données du Centre d’Epidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC-Inserm).

Entre 2004 et 2017, la prévalence annuelle de prescription de la codéine, du tramadol et de l’opium a augmenté de 150 %, 123 % et 244 %, respectivement (p<0,05). La prescription d’opioïdes forts a également augmenté de 0,54 à 1,1 % (+104 %, p<0,05), et de façon très significative pour l’oxycodone (+1950 %). La prescription d’opioïdes forts dans la douleur chronique non cancéreuse a progressé de 88 % (p < 0,05) et de 1180 % pour l’oxycodone. La prévalence des hospitalisations liées aux intoxications accidentelles associées aux opioïdes est passée de 15 à 40 pour 1 000 000 d’habitants (+167 %, 2000-2017) et celle des décès accidentels liés aux opioïdes de 1,3 à 3,2 pour 1 000 000 d’habitants (+146%, 2000-2015).

En conclusion, ces données indiquent qu’en France il n’existe pas à ce jour d’épidémie d’ampleur similaire à celle observée en Amérique du Nord. Cependant, le doublement de la prescription des antalgiques opioïdes (en excluant le dextropropoxyphène retiré du marché en 2011), avec l’augmentation très significative en particulier de l’oxycodone, associé à l’augmentation des hospitalisations (x2,7) et des décès (x2,5) liés à une intoxication accidentelle doivent inciter à la prudence et à une surveillance étroite.

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